Un cheveu de ce qu’on aime tire plus que quatre bœufs.
Proverbe pris d’une ancienne chanson et employé pour marquer l’empire que peut exercer une femme sur les volontés de l’homme qui l’adore. Il y a dans l’Anthologie grecque de Planude (vu, 59) une épigramme de Paul le Silentiaire, où un amant dit que sa Boris l’a attaché avec un cheveu de sa blonde tresse et que ce lien, qu’il se flattait de rompre avec facilité, est devenu une chaîne d’airain contre laquelle tous ses efforts sont impuissants. « 0 malheureux « que je suis ! s’écrie-t-il, je ne suis lié que par un « cheveu, et ma Doris me mène ainsi comme elle veut! »
Nous disons encore : On tire plus de choses avec nti cheveu de femme qu’avec six chevaux bien vigoureux* Ce qui signifie que l’entremise d’une belle dans une affaire est un des plus puissants moyens de succès.
Les Persans disent dans un sens analogue : Celui qui est aimé d’une belle femme est à l’abri des coups du sort. — Rapprochons de cela cet autre proverbe : Une belle solliciteuse vaut bien une bonne raison ; c’est à-dire une belle solliciteuse obtient tout ce qu’elle veut. Et comment résister à une femme aimable qui vous implore, qui a des regards ravissants, des souris gracieux, des paroles pleines de charme, des mains blanches qui vous pressent et des baisers qui vous enivrent! il n’y a pas moyen de s’en tirer autrement que par la réponse que M. de Galonne, minisire, fit à une princesse charmante qui lui recommandait une affaire : « Madame, si la chose est possible, elle est déjà faite, et si elle est impossible, elle se fera. »