On revient toujours à ses premiers amours

On revient toujours à ses premiers amours.

Les vives impressions éprouvées dans ce premier épanouissement de la vie du cœur et les ineffables illusions qu’elles ont fait naître restent profondément gravées dans la mémoire, qui les pare de couleurs poétiques et en compose un type enchanteur, un idéal ravissant, dont l’éclat fait pâlir toutes les amours venues dans la suite. Celles-ci se montrent telles qu’elles sont avec les déplaisirs qui viennent souvent s’y mêler, tandis que les autres apparaissent telles qu’on se plaît à les supposer avec leurs voluptés fantastiques, et il résulte de la comparaison qu’on établit entre elles que les effets produits par l’imagination doivent sembler préférables à ceux de la réalité, et les premières amours à celles qui leur succèdent.

Le poète Lebrun, a dit d’une manière charmanle, dans son ode intitulé : Mes Souvenirs ou les Deux Rives île la Seine :

Ce premier sentiment de l’âme
Laisse un long souvenir que rien ne peut user ;
Et c’est dans la première flamme
Qu’est tout le nectar du baiser.

Il ne faut pas croire que le proverbe signifie, comme le pensent mal à propos quelques personnes, que ce soit en réalité qu’on revient à ses premières amours : c’est uniquement en souvenir. Si c’était réellement, on les retrouverait, hélas ! tout à fail dépourvues des attraits qu’on leur suppose, et l’on ressemblerait aux cerfs qui, après avoir successivement passé de biche en biche, reviennent à celle par laquelle ils ont commencé.

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