Oh ! si j’étais en ce beau sein ravie

Oh ! si j’étais en ce beau sein ravie

De celui-là pour lequel vais mourant ;

Si avec lui vivre le demeurant

De mes courts jours ne m’empêchait envie ;

Si m’accolant, me disait : Chère Amie,

Contentons-nous l’un l’autre, s’assurant

Que jà t’empête, Euripe, ni courant,

Ne nous pourra déjoindre en notre vie ;

Si, de mes bras le tenant accolé,

Comme du lierre est l’arbre encercelé,

La mort venait, de mon aise envieuse,

Lors que souef plus il me baiserait,

Et mon esprit sur ses lèvres fuirait,

Bien je mourrais, plus que vivante, heureuse.

Louise Labé, in Œuvres Poétiques

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