Ma mère, qu’est-ce que se marier ? — Ma fille, c’est filer, enfanter et pleurer.

Ma mère, qu’est-ce que se marier ? — Ma fille, c’est filer, enfanter et pleurer.

Ce proverbe dialogué, qui se trouve sous la même formule en Espagne et en d’autres pays, nous est venu des Provençaux, à qui l’on peut, d’après de grandes probabilités, en attribuer l’invention. Il exprime très-bien les trois principaux résultats du mariage pour les pauvres femmes du peuple ; car ce sont elles surtout qui ont à souffrir les tribulations de cet état. Voyez avec quelle dureté elles sont traitées dans toutes les parties du monde.

Don Ulloa dit dans son Mémoire sur la découverte de l’Amérique : « Les peuples de ce continent ont été peu attachés à leurs femmes, qu’ils traitent encore comme des esclaves. Aussi ne le sentent-elles que trop. Il y a même des nations chez lesquelles deux « vieilles femmes accompagnent la future épouse, le jour de son mariage, en pleurant réellement, se lamentant et lui criant sans cesse : — Que vas-tu faire ? tu vas te précipiter dans le plus grand malheur ; — c’est cet état insupportable qui les décide souvent à étouffer leurs filles en naissant pour les « préserver d’être aussi malheureuses qu’elles. La fatigue que les jeunes femmes ont à essuyer, grosses ou non, pour suivre leurs maris à la chasse à la pêche, préparer le manger et le boire, avoir soin des enfants dont les pères ne s’occupent guère, et autres malheureuses circonstances font du mariage chez la plupart de ces nations un supplice affreux. »

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