Le mouvement des yeux est le langage des amants.
Il nul autre ne saurait mieux leur convenir. Il leur offre l’avantage de converser au gré de leur cœur, au milieu d’un monde indiscret, sans en être entendus; il les dispense, en outre, des lenteurs obligées de la parole, qui ne pourrait exprimer que successivement les pensées qu’ils sont pressés de se communiquer, et il leur permet de les exposer d’une manière presque simultanée en un tableau vivant : par quels discours rendrait-on aussi bien ce qu’on sent, quand on aime? « On voudrait, dit Pascal, avoir « cent langues pour le faire connaître; car, comme « l’on ne peut pas se servir de la parole, l’on est « obligé de se réduire à l’éloquence d’action… Un « amour ferme et solide commence toujours par l’éloquence d’action. Les yeux y ont la meilleure part. (Discours sur les passions de l’amour.)