Le faux ami ressemble à l’ombre du cadran

Le faux ami ressemble à l’ombre du cadran.

Cette ombre, comme on sait, se montre lorsque le soleil brille, et elle n’est plus visible quand il est voilé par les nuages. De là ce quatrain :

Tel qui se dit un ami sûr

Est en tout point semblable à l’ombre,

(Jui parait quand le ciel est pur,

Et disparait quand il est sombre. (Gobet.)

« Tant que vous serez heureux, dit Ovide, vous compterez beaucoup d’amis; si les temps deviennent sombres, vous serez seul. »

Donec eris felix,multos numerabis amicos;
Tempora si fuerint nubila, soins eris,
(Trist., I, eleg. vin.)

Ce que M. Ponsard a traduit dans ces deux vers de sa comédie intitulée : l’Honneur et l’Argent.

Heureux, vous trouverez des amitiés sans nombre,
Mais vous resterez seul, si le temps devient sombre.

Les anciens comparaient les faux amis aux hirondelles, qui viennent dans la belle saison et s’en vont dans la mauvaise. Le peuple de Paris les assimile aux cochers de fiacre, qu’on trouve toujours sur place quand il fait beau temps, et qu’on n’y rencontre plus dès qu’il pleut.

Nous avons encore une comparaison proverbiale qui a cté reproduite dans cet ingénieux quatrain de Mermot, poète du seizième siècle :

Les amis de l’heure présente
Ont le naturel du melon :
Il faut en essayer cinquante
Avant qu’en trouver un de bon,

Rien de plus commun que le nom d’ami, rien de plus rare que la chose.

Vulgare amici nomen, sed rara est fides.
(Phaedr., lib. III, fab. ix.)

Heureux celui qui, dans sa vie, peut trouver l’ombre d’un ami ! disait, dans une comédie de Ménandre, un jeune homme qui n’osait croire à la réalité d’un bien si rare et si précieux.

Aristote s’écriait : « 0 mes amis, il n’y a plus d’amis! » et Caton l’Ancien prétendait qu’il fallait tant de choses pour faire un ami, que cette rencontre n’arrivait pas en trois siècles.

« L’amitié est bien bête de compagnie, disait Plutarque, mais non pas bète de troupeau.

« C’est un assez grand miracle de se doubler. N’en connaissent pas la hauteur ceux qui parlent de se tripler. » (Montaigne, Ess., i, 27.)

On connaît cette boutade spirituelle de Chamfort : « Dans le monde vous avez trois sortes d’amis : vos amis qui vous aiment, vos amis qui ne se souviennent pas de vous, et vos amis qui vous haïssent. »

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