L’amour est le frère de la haine.
L’amour et la haine pour le même objet naissent assez souvent dans le même cœur et s’y font sentir par des emportements, des malédictions, des violences, et d’autres effets communs à l’une et à l’autre passion. De là vient sans doute qu’on a regardé l’amour et la haine comme frère et sœur. Mais l’amant livré à leur double influence ne hait pas précisément. Il hait et aime tout ensemble, comme dit ce proverbe des anciens cité par Gilbert Cousin : Non or/i, ofli et amo. C’est ce qu’exprime très-bien la charmante épigramme de Catulle à Lesbie,
Odi et amo. Quare id faciam for fasse requiris?
Nescio : sed fieri sentio et excrucior.
« J’aime et je hais. — Comment est-ce possible? diras-tu. — Je ne sais, mais je le sens et je souffre. »
L’amour est le frère de la haine, peut s’expliquer aussi par cette pensée de la Bruyère : « On veut faire tout le bonheur ou, si cela ne se peut, tout le malheur de ce qu’on aime. »