L’amour est comme un flambeau, plus il est agile, plus il brûle.
Cette comparaison proverbiale est prise du vers suivant de P. Syrus, qui dit l’amant, et non l’amour :
Elle est parfaitement juste : « Les âmes propres à l’amour, dit Pascal, demandent une vie d’action qui éclate en événements nouveaux. Comme le dedans est mouvement, il faut aussi que le dehors le soit, et cette manière de vivre est un merveilleux acheminement à la passion. C’est de là que ceux de la cour sont mieux reçus dans l’amour que ceux de la ville, parce que les uns sont tout de feu, et que les autres mènent une vie dont l’uniformité n’a rien qui frappe : la vie de tempête surprend, frappe et pénètre. (Discours sur les passions de l’amour.)
Les femmes savent très-bien que celui qui aime ne conserverait pas longtemps son ardeur si elle restait inactive, et qu’il a besoin, pour l’entretenir, pour l’enflammer, d’une vie d’agitation, de remuement et de secousses, enfin d’une vie de tempête. Aussi remarquez avec quels soins prévoyants elles s’appliquent à préserver leurs adorateurs des dangers du calme, à les tenir constamment en haleine par la nouveauté des impressions qu’elles leur font éprouver, à les faire passer rapidement et sans relâche d’une situation paisible à une situation émouvante, à leur faire voir du pays, comme on dit. Hommes peu clairvoyants, qui leur reprochez d’agir ainsi par coquetterie, par humeur, par caprice, par bizarrerie, etc., ne nommerez-vous jamais les choses par leur vrai nom, et les jugerez-vous toujours sur les apparences »* Reconnaissez donc que toutes ces manières d’être, qui vous semblent d’étranges inégalités de caractère, ne sont, la plupart du temps, chez ces enchanteresses, que des procédés d’un art merveilleux par lequel elles veulent se rendre plus aimables et plus aimées, en renouvelant sans cesse leur beauté par des changements inattendus, ainsi que vos cœurs, par des désirs variés, et, loin de les accuser de troubler votre repos, rendez-leur grâce de multiplier vos sensations pour vous sauver des ennuis de la monotonie.