C’est tous les jours la fête du regard pour les amants

C’est tous les jours la fête du regard pour les amants.

On nommait autrefois fête du regard une entrevue publique qu’avaient un fiancé et une fiancée, en présence de leurs parents et amis, ordinairement le dimanche qui précédait la bénédiction nuptiale. Carpentier en a parlé dans son Glossaire, et a cité, en preuve du fait, des lettres de rémission de 1374, où se trouve cette phrase : Comme le jour « de Nostre-Dame le suppliant feut alez voir la feste « du regard qui se faisoit en l’hostel du prevost des « marchands (de Paris) d’une sienne fille, etc. » C’est sans doute de cette fête, nommée aussi le beau dimanche, qu’est venu le proverbe employé pour signifier que deux amants ont toujours les yeux fixés l’un sur l’autre, avec un -plaisir dont rien ne saurait les distraire.

« Oh ! que ne puis-je, s’écrie Pétrarque, considérer un jour entier du moins, ces yeux dont l’amour « dirige les mouvements! Dans cette contemplation « divine, je voudrais oublier autrui et moi-même; je voudrais suspendre jusqu’au battement de ma paupière. »

Cette exclamation passionnée rappelle un vers charmant du poëme grec Héro et Léandre : « J’ai fatigué mes yeux à la regarder; je n’ai pu me rassasier de la voir. »

Saadi, dans son style oriental, fait dire à un amant ravi en extase tandis qu’il contemple sa maîtresse : « Je verrais une flèche partir devant moi et venir chercher mes yeux, que je ne pourrais les détourner d’elle. »

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