Il ne s’est jamais trouvé à pareilles noces.

Il ne s’est jamais trouvé à pareilles noces.

Il n’a jamais éprouvé un pareil traitement. Si je rapporte ici cette locution, c’est qu’elle est fondée sur un usage bon à connaître, pratiqué jadis en Poitou, après les repas d’épousailles. Les convives, en sortant de table, n’avaient rien de plus pressé que de mettre leurs mitaines et de se donner les uns aux autres des coups de poing qui faisaient plus de bruit que de mal. C’était un exercice mnémonique institué par la joie pour rendre plus durable le souvenir de la fête dont on venait de jouir. Mais il dégénéra dans la suite au point de rappeler le combat des Centaures et des Lapithes aux noces de Pirithoùs, rixa debellata super mero : ce qui en nécessita l’abolition. Rabelais n’a pas oublié cette singulière coutume dans la description qu’il a faite des noces du seigneur de Basché (liv. IV, ch. xiv). Pendant qu’on apportoit vin etespices, coupz de poing commencearent trotter. Chicquanous en donna nombre au prestre Oudart. Soubz son suppeliz avoit Oudart son guantelet caché, il s’en chausse comme d’une mitaine, et de daulber Chicquanous, et de drapper Chicquanous ; et coupz de jeunes guanteletz de tous coustez pleuvoir sur Chicquanous. Des nopces, disoyent-ilz, des nopces, des nopces : vous en soubvienne. Il feut si bien accoustré que le sang lui sortoit par la bouche, par le nez, par les aureilles, par les œilz. Au demourant courbatu, espaultré et froissé, teste, nucque, dours (dos), poictrine, bras, et tout. Croyez qu’en Avignon, on (en) temps de carnaval, les bacheliers oncques ne jouarent à la raphe (ou rafle, jeu de mains) plus melodieusement que feut joué sur Chicquanous. »

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