Prendre le collier de misère

Prendre le collier de misère.

C’est se marier.

Une anecdote orientale propre à lui servir de commentaire.

Bahalul, que les saillies de son esprit firent surnommer al-mégoun, c’est-à-dire le fou, plaisait beaucoup au calife Haroun al-Raschid par son humeur enjouée, ses reparties ingénieuses et ses traits vifs et facétieux. Ce calife lui dit un jour : « Bahalul,pourquoi ne te maries-tu pas? je veux te donner  une épouse jeune, bien faite et riche. Elle te pro« curera toutes les douceurs de la vie.  Bahalul, cédant à ces raisons et plus encore à la volonté de son maître, consentit au mariage, et, les noces s’étant faites, il entra avec sa femme dans la couche nuptiale. Mais à peine y fut-il, qu’il entendit ou feignit d’entendre un grand bruit dans le sein de sa compagne. Effrayé, il s’élance aussitôt du lit et s’enfuit bien loin hors de la ville. Le calife, instruit de son escapade, ordonne de le chercher : on le trouve et on le lui amène. Le monarque le réprimande d’abord et lui demande ensuite où est le mot pour rire dans cette affaire.  Sublime commandeur des croyants, répond Bahalul, vous m’aviez promis que  je goûterais avec ma femme toutes les douceurs de la vie. Cependant, à peine étais-je couché auprès d’elle, que toutes mes espérances furent trompées. J’entendis un bruit alarmant qui sortait de ses entrailles, il était formé d’une foule de voix qui  tour à tour me demandaient une chemise, un habit, un turban, des souliers, du pain, du riz, de la viande, etc. Il y avait, en outre, des cris, des pleurs, des rires de plusieurs enfants qui allaient,  venaient, folâtraient, se battaient, se plaignaient ou s’égayaient à qui mieux mieux. Je fus si épouvanté de ce vacarme, que je laissai la ma femme pour échapper aux malheurs dont sa fécondité me  menaçait. Je n’aurais pu rester avec elle sans deve nir encore plus fou que je ne suis.

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